Texte du communiqué transmis au Républicain Lorrain, à la Semaine, à l'Est Républicain, aux Dernières Nouvelles d'Alsace, à l'AFF et aux Echos, le samedi 6 janvier 2007
La multiplicité des annonces contradictoires du Groupe ARCELOR-MITTAL, celle qui évoque le maintien de la filière liquide à Hayange à minima jusqu’en 2012 comme deux autres sites allemands, celle de la direction française qui fait peser la menace d’une fermeture dès 2008 du même site pour cause de quotas d’émissions de CO² insuffisants, confirme, comme nous l’avons toujours pensé, que l’outil de production lorrain est parfaitement viable. Cette agitation et le fait de mettre ainsi dans la balance ce site témoigne en effet de son intérêt industriel et stratégique.
Comme les organisations syndicales n’ont cessé de le dire et comme moi-même je n’ai cessé de l’évoquer à l’Assemblée Nationale depuis 2003, étant intervenu à quatre reprises dans l’hémicycle auprès des Ministres de l’Industrie successifs pour qu’ils intercèdent, en vain, auprès de la direction d’ARCELOR afin d’infléchir le choix de l’anticipation d’une fermeture, la sidérurgie en particulier et l’industrie en général ont effectivement un avenir en Lorraine.
Dans ce contexte, il faut dénoncer l’irresponsabilité du Gouvernement français qui est parfaitement informé et depuis très longtemps de cette situation, puisqu’il s’agit d’une réglementation européenne, mais qui ne l’a jamais évoquée, peut-être avec cette arrière-pensée que le sujet n’avait pas d’importance puisqu’il considérait, probablement en accord avec l’ancienne direction du groupe, que la filière liquide était condamnée et que les quotas de CO² pourraient être ventilés ailleurs géographiquement et industriellement.
Les techniques employées par ARCELOR-MITTAL qui ressemblent fort à un chantage social d’envergure, menaçant plus de 1000 emplois directs dans les vallées de la Fensch et de l’Orne ne sont pas plus acceptables, quand bien même il faut reconnaître que la question des quotas est particulièrement pénalisante dans le contexte d’une économie mondialisée et hyperconcurrentielle. Faisons malheureusement le constat que ces stratagèmes sournois se multiplient et qu’ils ne concourent pas à rassurer, loin s’en faut, les salariés.
Constatons également que depuis 2002, le Gouvernement français se limite à une politique industrielle d’accompagnement, sans vision stratégique sociale et environnementale, construite dans l’échange avec les industriels. Cette situation des quotas est la parfaite illustration d’une absence d’anticipation, de régulation, abandonnant certains sites aux aléas des choix européens, eux-mêmes déterminés par le protocole de Kyoto s’agissant du CO². Un gouvernement volontariste devrait au contraire valoriser les efforts consentis par ARCELOR en matière environnementale (de 1990 à 2002, les émissions de CO2 d’ARCELOR MITTAL en Europe ont diminué de 18% en valeur absolue et de 23% par tonne d’acier produite, alors que la production augmentait de 6% sur la même période, ARCELOR MITTAL est à l’origine de la création du projet de recherche mondial ULCOS dont l’objectif est de trouver un procédé de fabrication de l’acier avec des rejets de CO2 à l’atmosphère diminués de l’ordre de 50% à 75%), pour négocier un moratoire permettant à des sites comme celui d’Hayange de rester compétitif. Efforts qui ont pu d’ailleurs être réalisés par la revente de droits à polluer quand le marché était atone.
C’est pourquoi, j’interpellerai le Gouvernement dès la rentrée parlementaire pour entendre son analyse de la situation et les réponses qu’il compte y apporter. Ces différents points seront également abordés, dans le cadre du groupe d’études « Sidérurgie » de l’Assemblée Nationale que je préside, et qui auditionnera, le mardi 16 janvier prochain, la direction nationale du Groupe ARCELOR-MITTAL en la personne de Michel WURTH, PDG d’ARCELOR-MITTAL France, Michel SOURY-LAVERGNE, Délégué Général de la même entité et Jean-Luc PIERQUIN, Président du pole de compétitivité MIPI. Bien entendu, cette audition sera précédée, dès vendredi prochain, d’une réunion préparatoire avec les syndicats d’ARCELOR Florange et de MITTAL Gandrange.
Plus que jamais, les élus lorrains, tout particulièrement ceux du bassin ferrifère de la Fensch , de l’Orne comme du Pays-Haut, où dans le cadre de l’aménagement de Belval ARCELOR et l’Etat luxembourgeois adopte une stratégie de développement commune efficace, doivent poursuivre leur défense de l’emploi industriel, en lien avec les grandes collectivités territoriales, Région et Département.
Ce partenariat entre collectivités responsables devrait d’ailleurs permettre d’aider la création de 200 emplois supplémentaires chez THYSSEN-KRUPP à Florange, atténuant ainsi quelque peu les fermetures de GKN en 2005 et de DAEWOO en 2003.