Après la fermeture de l’aciérie et du TAB de l’usine ArcelorMittal de Gandrange il y a à peine 6 mois, le conseil communautaire de la Communauté d’Agglomération du Val de Fensch, exprime par cette motion sa plus ferme opposition au nouveau plan de suppression de 1400 emplois en France (25% du plan à l’échelle européenne), annoncé par le leader mondial de la production d’acier.
Malgré les efforts substantiels demandés au personnel en cette période de crise (utilisation des comptes épargnes temps, solde des congés payés, gains de gestion à hauteur de 750 millions d’euros…), en dépit d’une baisse de production de l’ordre de 35% à l’échelle mondiale et de la division par deux de ses projets d’investissement, le groupe a donc décidé de sacrifier, une fois encore, l’emploi alors même que le contrecoup de la fermeture de Gandrange n’a pas été absorbé et que la question du reclassement de ses salariés est encore pleine et entière.
Nous, conseillers communautaires, considérons que le groupe ArcelorMittal par cette décision cherche à rassurer ses actionnaires au détriment des salariés et des emplois dans nos bassins. Le Directeur Général d’ArcelorMittal France l’a d’ailleurs admis, quand il a annoncé hier, à la presse, que « le groupe ne peut pas priver ses actionnaires de dividendes ». Il fait donc clairement le choix de l’actionnariat.
Nous ne pouvons admettre et accepter ce discours alors que le groupe a enregistré au troisième trimestre 2008, 3,8 milliards € de bénéfices nets, soit une hausse de 27%, et que son bénéfice en 2007 a dépassé les 10 milliards de $.
De surcroît, nous pensons que ce plan de départ volontaire n’est pas une réponse à un besoin conjoncturel. C’est au contraire le moyen pour ArcelorMittal de réduire ses coûts de structure pour satisfaire son besoin de liquidités. Lakshmi MITTAL, compte tenu du poids de sa dette liés à ses multiples acquisitions (30 milliards de $), est aujourd’hui incontestablement rappelé par les banquiers. Ce n’est pas aux salariés et à nos populations de payer le prix de la stratégie de conquête de M. MITTAL.
Nous, conseillers communautaires, considérons également qu’il est illusoire de penser qu’un plan de départ volontaire, dont on ne connaît pas encore les modalités et la répartition géographique, puisse être une solution alors que la conjoncture ne s’y prête aucunement. Qui pourrait en effet prendre le risque d’une nouvelle orientation professionnelle, alors que notre pays continue de détruire de l’emploi, notamment dans le domaine industriel ?
Ce plan brutal et non concerté est disproportionné par rapport à la réalité de la situation économique. Dans l’hypothèse où il aboutirait, des conséquences probablement rédhibitoires affecteraient la bonne marche de l’outil de production. De même, il est à craindre une perte de compétence massive et non maîtrisée qui pourrait générer à terme des difficultés techniques et donc de compétitivité. Incontestablement, les personnels hautement qualifiés qui pourraient quitter le groupe manqueraient cruellement au moment de la reprise d’activité.
Nous demandons donc au groupe ArcelorMittal de surseoir à la mise en œuvre de ce plan funeste pour notre territoire et sa population. Nous lui demandons également de :
- de répondre à l’appel au secours des entreprises de sous-traitance locale qui connaissent avec l’arrêt d’activité des hauts-fourneaux (en plus de l’aciérie de Gandrange et du TAB) une situation plus que difficile ;
- de respecter ses engagements vis-à-vis de ses fournisseurs ;
- de confirmer sa volonté de pérenniser les installations de production (300 millions d’euros), en particulier celles de la filière liquide en engageant immédiatement tous les travaux nécessaires (cooper, hauts-fourneaux…) ce qui permettrait de surcroît de soutenir l’activité, actuellement atone, des entreprises dans notre bassin d’emploi ;
- de poursuivre sa stratégie d’investissement dans le projet de captage-stockage CO² d’autant plus nécessaire que le coût de la tonne émise devrait fortement s’accroître ces prochaines années ;
- de respecter ses engagements de reclassement des salariés de Gandrange, vers les sites de Florange et du Grand Duché de Luxembourg
- d’engager comme promis les 30 millions d’euros pour le LCB de Gandrange et les 124 postes qui vont avec;
- d’entendre le message des partenaires sociaux que nous soutenons, des salariés qui se sont déplacés à Saint-Denis hier et de l’ensemble des populations du bassin d’emploi que nous représentons.
Nous demandons par ailleurs au Président de la République de respecter l’ensemble de ses engagements pris lors de sa venue sur le site de Gandrange en février dernier :
- la création d’un centre de formation pour les métiers de la métallurgie en lien avec ArcelorMittal,
- la mise en place d’un fonds d’investissement à hauteur de 20 millions d’euros, financé par ArcelorMittal, l’Etat et les collectivités locales
- la création de centrales électriques en lien avec POWEO,
- et enfin la mise en oeuvre d’une étude de faisabilité du captage-stockage du CO² produit par les unités industrielles de Hayange