Lakshmi MITTAL a indiqué ce matin, à Luxembourg, que sa société, leader mondial de la production d’acier, avait fait un bénéfice de 6.4 milliards d’euros en 2008. Malgré ces chiffres, ArcelorMittal entend pourtant poursuivre, selon l’aveu de son fils Aditya MITTAL, une politique massive de suppressions d’emplois.
En effet, après avoir annoncé un plan de départ volontaire de 9000 emplois dans le monde dans les fonctions supports début décembre, dont 1400 en France et 229 à Florange, voilà que Lakshmi MITTAL envisage un second plan de départ volontaire élargi aux fonctions de production.
La dégradation économique au 4ème trimestre 2008 du à la crise économique mondiale peut expliquer des ajustements mais en aucune manière avec une pareille ampleur. Il y a tout lieu désormais de penser qu’ArcelorMittal ne se serve de la crise comme d’un effet d’aubaine, comme d’autres grands groupes, pour dégraisser honteusement ses effectifs, y compris dans les fonctions productives alors qu’elle disait tout à fait l’inverse il y a encore quelques semaines.
Je crains par ailleurs que cette généralisation de l’utilisation de plans de départs volontaires participe d’une stratégie visant à ce que l’entreprise puisse se soustraire à ses obligations légales en cas de licenciement, notamment le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE). Le magna de l’acier craint probablement que les compensations complémentaires demandées dans le cadre de la fermeture d’une partie de l’usine de Gandrange ne fassent jurisprudence et qu’elles constituent, à terme, un frein à sa volonté de réduire ses effectifs « à moindre coût ».
De même, cette nouvelle annonce laisse à penser que le reclassement des employés de Gandrange va souffrir de difficultés supplémentaires alors que les objectifs sont loin d’être atteints encore aujourd’hui, puisque seulement 40 salariés ont été officiellement mutés sur d’autres sites du groupe. Peut-on encore croire qu’ArcelorMittal soit en mesure de tenir ses engagements en ce domaine comme dans d’autres, puisque la communication du groupe fait également état d’un recul de la production et des investissements pour 2009 ?
Dans ces conditions, malgré sa compétitivité exceptionnelle, on peut malheureusement légitimement s’interroger sur l’avenir de la filière liquide, dans les vallées de la Fensch et de l’Orne, qui attend toujours les investissements promis mais qu’ArcelorMittal n’a pas inscrit, en dehors de ses intentions dans le cadre du projet de captage stockage du CO², dans la convention d’ancrage territorial. On peut même croire désormais qu’il s’agit d’une démarche délibérée puisque ArcelorMittal a souhaité signer les conventions rapidement, avant de communiquer sur ce second funeste plan !