Monsieur le Préfet,
Le 16 mars dernier, le groupe SOS est devenu majoritaire au sein de l’association Alpha Santé, suite à un vote favorable, à la majorité des deux-tiers, des membres de son Assemblée Générale Extraordinaire.
Le corps médical, les partenaires sociaux représentant les personnels, et la très grande majorité des élus locaux membres de l’AGE ont soutenu cet adossement. Cette décision a été prise en raison des risques encourus pour l’emploi, pour l’offre de soins et pour les garanties communales dans l’hypothèse d’une liquidation judiciaire laquelle ne pouvant déboucher que sur une reprise par un privé à but lucratif pour qui le profit financier est le principal objectif.
Statutairement, il appartient donc désormais à SOS, organisme à but non lucratif, d’assurer la gouvernance d’une association hospitalière représentant plus de 2.000 salariés et une offre de soins importante au sein des bassins de vie de Hayange et de Longwy.
Comme vous le savez, des études avaient été engagées avec le Centre Hospitalier Régional de Metz-Thionville pour un scénario de reprise de l’hôpital de Hayange. En optant pour un adossement complet au groupe SOS, cette hypothèse est désormais caduque. Le conseil de surveillance du CHR en a d’ailleurs pris acte le 21 mars dernier en différant sa position de reprise de l’établissement d’Hayange qui avait été validée lors de sa précédente réunion. Il reste donc encore ouvert quant à cette possibilité.
Je considère que la précipitation dans laquelle l’adossement a été réalisé s’explique en grande partie par l’absence de collaboration et donc de soutien de l’Agence Régionale de Santé de Lorraine quant à cette opération. En effet, nonobstant les multiples interventions qui ont pu être faites auprès des autorités de tutelle, notamment mon intervention directe auprès du Ministre de la Santé, rien n’a été fait pour trouver une solution concertée entre le CHR et le groupe SOS et aucun moyen financier supplémentaire n’a été apporté pour prolonger le temps de survie d’Alpha Santé en abondant sa trésorerie. Je note d’ailleurs qu’il a été plus facile pour l’ARS d’aider à la reprise de l’hôpital de Mont-Saint-Martin en 2009, après sa liquidation judiciaire, alors même que depuis la situation n’a cessé de se dégrader et que l’ARS en était parfaitement informée.
Aujourd’hui, l’avenir de l’hôpital d’Hayange n’est donc pas assuré et je m’inquiète que des discussions entre le CHR, SOS et les autorités de tutelles ne soient toujours pas engagées ainsi que les moyens financiers nécessaires pour les accompagner. Le temps est compté : faute d’arbitrage et de définition d’un plan stratégique concerté, les départs ou le non recrutement de médecins sur Hayange vont se multiplier et ainsi mettre les services en difficulté, voire les tarir définitivement.
C’est pourquoi, je crois nécessaire que vous réunissiez au plus vite tous les acteurs de ce dossier afin de préserver une offre de soins complète sur les bassins de Thionville et Longwy. Pour ce qui concerne plus spécifiquement l’hôpital d’Hayange, il est impératif à mon sens de maintenir des services tels que les urgences, la pneumologie, la cardiologie… et que l’Etat indique, avec une extrême précision, les moyens qu’il met en œuvre, avec SOS, pour maintenir cette offre de soins nécessaire à la population et la diversifier.
Il serait en effet inconcevable pour les habitants de nos secteurs de devoir attendre 6h pour une petite blessure en allant aux urgences au CHR de Thionville ou de devoir se rendre à Abreschviller pour de la rééducation cardiaque alors que ces services existent, fonctionnement parfaitement bien à Hayange et s’équilibrent sur le plan financier.
Nos territoires sont déjà en proie à de grandes difficultés sociales et économiques et je n’accepterai pas que l’on en rajoute dans le domaine médical alors que la médecine de ville est déjà elle-même en tension et pourrait ne plus répondre aux besoins du fait d’une démographie médicale vieillissante.
Je souhaite bien entendu être associé à cette rencontre que j’appelle de me vœux et qui doit se tenir durant la semaine qui vient et, en tous cas, avant Pâques.
Je ne cache pas que l’urgence que je mets en avant résulte de multiples échanges que j’ai pu avoir avec les protagonistes de ce dossier avec lesquels j’ai eu des contacts récents.
Dans l’attente de votre réponse et restant à votre entière disposition,
Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, en l’expression de ma très haute considération.
Michel LIEBGOTT