Permettez-moi d’abord de regretter derechef votre non-réponse à deux de mes courriers (juin et octobre 2007) ayant traits à la réforme de la carte judiciaire en Lorraine. Vous vouliez faire de la concertation un préalable à cette réforme, je crois malheureusement que l’objectif n’est pas atteint. Sur le terrain, notamment à Hayange, commune située dans ma circonscription électorale où vous avez décidé de supprimer le Tribunal d’Instance, je ne peux que confirmer l’unanime mauvaise appréciation de cette refonte, tant sur le fond que sur la forme.
Autre sujet qui me préoccupe, la création de la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS) de l’Est, dont vous avez annoncé qu’elle serait installée à Nancy, le 15 octobre dernier à Dijon, lors de votre tour de France. Comme le bâtonnier de l’Ordre à la Cour d’Appel de Metz qui m’a très récemment interpellé à cet égard, je ne comprends pas qu’une telle décision soit prise avec autant de célérité, sans étude d’impacts, sans concertation préalable.
De surcroît, il me semble inopportun de surcharger une seule juridiction, en l’espèce celle de Nancy, quand bien même elle serait dotée de nouveaux magistrats spécialisés, alors que les contentieux de l’adoption internationale, de droit de la presse, de la nationalité, des catastrophes en matière de transports et de l’indemnisation des maladies de l’amiante pourraient être traités dans les Tribunaux de Grande Instance où siège la Cour d’Appel dans chacun des départements.
En tant que Député de Moselle, je crois utile de rappeler que ce département est particulièrement concerné par les compétences qui seraient dévolues à la JIRS. En effet, ce département, avec plus d’un million d’habitants, est de loin le plus peuplé de la région, il représente à lui seul plus de 45% de sa population. Il est aussi le plus exposé aux risques de la circulation par la densité de son réseau de transport fluvial, ferroviaire et routier. De même, sa situation transfrontalière en fait un espace de migrations pendulaires importantes et qui ne cessent de croître.
C’est pourquoi, je vous serais extrêmement reconnaissant de bien vouloir reconsidérer cette mesure de votre réforme de la carte judiciaire, qui après avoir sacrifié la justice de proximité instaurerait à présent une justice à deux vitesses entre les TGI des Cours d’Appel dotés ou non d’une JIRS.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, Madame la Garde des Sceaux, en l’expression de ma très haute considération.